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CABANES

Anselme, constructeur de cabanes ©les méduses me disent - 2024

« Ah, je les aime ! Ah, je les aime !

 

Mais je ne peux rien faire pour eux. 

 

Ils ne seront jamais heureux !

 

Emporte-les où tu voudras,

tu n'as que l'embarras du choix.

 

Le monde est plein d'ogres méchants. 

 

Ils souffriront très peu de temps et nous, nous ne souffrirons plus et surtout nous n'aurons rien vu. »


 

Petit, Petite Conte à jouer

Bruno de La Salle et Rémi Saillard, 

ed. Syros jeunesse

Dans l'imaginaire d'Anselme, il y a plein d'enfants malheureux, ceux des contes.

Anselme les protège, en construisant des cabanes. C'est son métier. C'est ce qu'il sait faire.

Mais qui sauve-t-il vraiment et pourquoi le fait-il ?


 

Cabanes est un petit édifice construit à partir de bouts de bois, de ficelles et de tissus. C'est aussi une histoire dans laquelle il y a quelqu'un à sauver.


 

 

Lorsque, au cours du Labo-clown, j’ai exploré l’identité de mon clown Anselme, il m’est apparu que même si ma décision de tourner la page semblait fortement ancrée, mon expérience dans l’enseignement se remanifestait comme sujet. J’ai accepté de ne pas l’ignorer.

Revisiter les sillons profonds creusés par l'impuissance, les tentatives réussies ou échouées de protéger des enfants, de les mettre en sécurité.

 

Le clown permet la distorsion, la multiplicité des émotions, l’incohérence. Sa matière n'est pas lisse et sauvagerie, folie et innocence peuvent coexister.

Je m’intéressais non seulement à ce que « protéger » veut dire, mais aussi à ce que le constat d'impuissance produit sur l'idéaliste. Je m’intéressais à la question suivante : qui est-ce / qu’est-que je « sauve » quand je sauve l'autre ?

 

Qui est Anselme ? 

Anselme est un personnage qui a foi en sa mission, un Être neuf, sans désillusion. Comme il ignore ce qu’”humain” veut dire, il peut s'atteler à sa tâche avec plus d'humilité.

Avec sa fragilité, sa maladresse mais sa détermination, Anselme s’engage complètement dans sa mission : construire des cabanes pour mettre les enfants en sécurité. Protéger le petit, le fragile... 

Ce dont il dispose, c’est peu de chose : quelques branches, un tissu, une chaise. Il faudra que cela suffise. La scénographie, modeste, est le signe du peu de moyens dont nous disposons le plus souvent.

 

Pourquoi le conte ?

Parce que la maîtresse d’école que j’étais a tant de fois raconté des histoires, et aujourd’hui, comme Anselme, je prends plaisir à les réinventer, les éclairer autrement pour en faire surgir un nouveau point de vue. Parce que même si l'enfant est souvent malmené dans les contes, tout y reste possible.

 

La question de l’adresse : à qui parle Anselme ? était importante pour moi. 

Anselme répond aux injonctions du “Facteur d'histoires”, au-dessus de lui, celui qui lui donne ses missions, construit les histoires, et le récompense lorsqu'il réussit. 

Mais son empathie débordante envers les personnages de ces histoires l’empêche de contrôler l’impact émotionnel qu’elles ont sur lui, et donc de se protéger lui-même...

Enfin, et c’est peut-être de là que viendra la solution à la fin, Anselme s’adresse au public : qu’est ce que chacun.e d’entre nous peut faire pour, à sa mesure, sauver une part précieuse du monde, de son monde ? Que choisissons-nous de sauver ? Quels combats choisissons-nous de livrer ?

 

Christelle Reynaud, le 21/01/2024

solo de clown tout terrain / durée : 25 minutes environ / tout public à partir de 8 ans

écriture & jeu : Christelle Reynaud

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